Premières Heures en Chantier : un nouveau dispositif pour les plus isolé·es le 8 octobre 20258 octobre 2025 par Marylene Premières Heures en Chantier est un dispositif nouveau chez Espaces, il permet de démarrer un parcours de retour vers l’emploi, sur le chantier CultiCime, autour des Plantes à Parfums Aromatiques et Médicinales. Pour le découvrir, nous rencontrons Hawa, salariée en dispositif Premières Heures en Chantier, avec Lamine son éducateur socio-professionnel chez Espaces, pour une interview croisée. Une parcelle de Plantes à Parfums Aromatiques et Médicinale a été créée sur la toiture de maraîchage urbain, chantier d’insertion CultiCime. C’est là qu’évoluent les salarié·es bénéficiaires de Premières Heures en Chantier : pour une reprise progressive de l’activité. Dans ce cadre, très différent d’un parcours d’insertion classique, les salarié·es commencent à travailler 4 heures par semaine, puis peuvent augmenter progressivement leur volume horaire. C’est le chantier qui s’adapte à eux, selon leurs problématiques, et non l’inverse. En ce mois de septembre 2025, la toute nouvelle base vie vient d’ouvrir pour les équipes de CultiCime et Premières Heures en Chantier. Premières Heures en Chantier avec Espaces : Un dispositif à part à découvrir à travers les mots de Lamine et Hawa. Hawa, est venue de Somalie en France en décembre 2015. Cette mère de trois enfants a commencé son parcours à nos côtés, avec Premières Heures en Chantier, en juin : elle est la première salariée du dispositif fraîchement lancé par Espaces, sous l’égide de Convergence et du Département de la Seine-Saint-Denis. Après avoir été orientée par l’association ARES, partenaire social local sur Aubervilliers, Hawa a démarré son travail 4 heures par semaine auprès de Lamine, nouvel Educateur socio-professionnel à Espaces. Hawa, photo de Teresa Suarez pour Emmaüs France Quel travail réalisez-vous ? Hawa : « J’apprends la récolte des plantes, l’arrosage, le lavage, puis l’émondage et le séchage, enfin la mise en bocaux. Je n’avais jamais fait cela avant. J’aime bien, je ne veux pas partir ! ça me plait beaucoup de voir différentes plantes. Quand j’étais en Afrique, j’ai toujours cultivé un peu autour de chez moi, des tomates etc. j’aime beaucoup ça. » confie-t-elle avec un large sourire. « J’ai eu en France un travail avant : le nettoyage des TGV, mais je travaillais le soir, la nuit. Je suis maman, je n’ai pas le choix je dois trouver du travail, mais il faut des horaires pour m’occuper de mes enfants. » Quels sont les aspects les plus gratifiants de votre travail ici ? « La plantation, car je vois le résultat de ce que je fais, la pousse. Parfois dès le lendemain ! » Avez-vous des idées pour la suite de votre parcours ? « C’est trop tôt pour moi. Mais on réfléchit avec Lamine. » Lamine : « Les salariés PHC n’ont pas de Conseiller en Insertion Professionnelle, on discute de la suite de leur avenir entre nous, avec les encadrants CultiCime et du pôle Agriculture Urbaine » explique Lamine. Ils peuvent évoluer vers l’ACI (Atelier Chantier d’insertion) CultiCime, s’ils en ont envie et si l’encadrant constate qu’ils ont le potentiel pour intégrer l’équipe. Il faut aussi que leur vie leur permette de s’adapter aux horaires du chantier (en maraîchage urbain, on embauche à 7h30 le matin). ACI CultiCime : maraîchage urbain sur la toiture du Fashion Center d’Aubervilliers Le dispositif Premières Heures en Chantier s’adapte à l’emploi du temps des salarié·es, en ACI c’est l’inverse, les salariés doivent s’adapter aux conditions de travail. Hawa : « En juin j’ai commencé à travailler 4 heures par semaines, puis 8 h, 12h, aujourd’hui (en septembre), je travaille 16 heures par semaine ! » se réjouit la jeune femme Lamine : « La progression horaire dépend des profils, selon la problématique. Hawa est « stable », elle a une vie de famille et un appartement, elle peut donc évoluer vite. S’il y a des problématiques d’accès au logement pour les salariés on entreprend des démarches. Avec Convergence, nous travaillons avec deux chargées de partenariats pour le logement et pour la santé. » Qu’est-ce que Lamine vous apporte en tant qu’Educateur socio-professionnel ? Hawa : « Il est bien. Il est patient et gentil, dans le respect. Il a compris comment expliquer bien le travail, même si je ne comprends pas bien le français. Il explique doucement, étape par étape jusqu’à ce que je lui dise « ça y’est j’ai compris ! ». Premières Heures en Chantiers : innover pour mieux accompagner les plus isolés vers l’emploi Espaces, spécialiste de l’accompagnement social et vers l’emploi, a su déployer des dispositifs complets et permet un partage d’expérience et une collaboration entre équipes, sur les territoires des Hauts-de-Seine et désormais en Seine-Saint-Denis. L’innovation sociale initiée par le Pôle Projets, permet aujourd’hui à d’autres services d’évoluer dans l’accompagnement des plus isolés. Lamine : « On collabore, au sein d’Espaces : avec les collègues coordonnant le Dispositif Premières Heures DPH92, on travaille avec les mêmes publics – les plus éloignés de l’emploi, voire les plus exclus socialement. Moi, je manque d’expérience côté social. Je donne de ma personne, je ne compte pas mes heures, mais j’ai besoin de leurs conseils, je prends du recul avec eux qui ont cette expérience.C’est d’autant plus important en ce moment où les salariés anticipent la saison hivernale et les problématiques de logement sont plus tendues. » Premières Heures en Chantier, un dispositif inédit chez Espaces, sous l’égide de Convergence Pourquoi PHC plutôt qu’un chantier d’insertion « classique » ? Lamine développe son réseau de partenaires locaux pour accompagner au mieux chaque salarié·e. Sur Aubervilliers il travaille avec ARES, d’où vient Hawa, mais également deux accueils de jour Emergence 93 et Le Refuge de Pantin. Enfin, partenaire incontournable, le CCAS de la Ville d’Aubervilliers. « Moi je remobilise les personnes sur la partie travail. Nos partenaires prennent le relai pour les remobiliser sur les dimensions logement et santé. « Même avec des problématiques de santé importantes, les personnes peuvent rester dans le dispositif ; c’est nous qui nous adaptons à eux. Je n’ai pas de charge de travail à imposer, pas d’objectif de production. On se met en situation de travail pro, et ils prennent conscience de leur potentiel. Ils retrouvent confiance en eux. » Tu as toi-même récemment suivi un parcours d’insertion ; cela t’aide dans ton travail d’Educateur socio-professionnel aujourd’hui ? Lamine : « Il y a moins d’un an j’étais de l’autre côté, ça me permet de comprendre la vie, les problématiques, les envies, les questionnements, les doutes des salarié·es. Je suis plus dans l’acceptation de beaucoup de choses venant d’eux, parce que je suis passé par là. La bienveillance que j’ai elle est sincère, et on essaye d’avancer comme ça. » Tu es pourtant avec des publics plus sensibles car très isolés et sujets à des problématiques lourdes… « Moi en tant qu’ESP, j’ai la double casquette. Ce n’est pas facile tous les jours car je travaille avec un public que beaucoup de gens ne côtoient pas. PHC ce n’est pas un public d’ACI classique, il y a plus de problématiques, on s’occupe de public dont personne ne veut. Au début, j’étais une éponge, aujourd’hui je prends plus de recul. D’où l’importance pour moi d’être encadré comme je le suis par Alexandre (Responsable du chantier CultiCime) et Julie (Responsable d’activité Agriculture Urbaine chez Espaces), mais aussi entouré par les collègues de Dispositif Premières Heures 92, et les partenaires de Convergence. »