Unir apprentissage, lien social et insertion le 29 octobre 202529 octobre 2025 par Marylene Parmi les métiers de l’insertion, au sein d’Espaces, nous retrouvons celui de formatrice en français : c’est le métier de Hind Harfouche, qui exerce auprès des personnes du Dispositif Premières Heures. Une mission très spécifique qui requiert un savoir-faire inédit. Plus qu’une professeure de français, Hind a su unir l’apprentissage, le lien social et l’insertion. Elle témoigne. » Mon métier de formatrice FLE (Français Langue Etrangère) consiste à transmettre les bases du français à des personnes en parcours d’insertion. Je travaille dans le cadre du DPH – Dispositif des Premières Heures, qui permet à des personnes primo – arrivantes éloignées de l’emploi d’exercer une activité professionnelle progressive, tout en étant accompagnées dans leur insertion. Mon rôle est de leur transmettre les bases du français langue étrangère (FLE), mais aussi du français langue d’intégration (FLI) et du français langue professionnelle (FLP). Un apprentissage essentiel pour leur autonomie, leur intégration sociale et professionnelle. L’objectif n’est pas uniquement linguistique : il s’agit de leur donner des outils concrets pour se débrouiller dans la vie quotidienne, dans leurs ateliers et sur les chantiers d’insertion. Le FLE est une clé essentielle de leur réussite. » Des cours de français pas comme les autres pour l’insertion des personnes » L’originalité de ces cours, réside dans la manière d’accompagner les salariés dans leur cours de langue. Il ne s’agit pas de classe de français, au sens classique du terme, où l’apprenant repose sur un banc et reçois son cours, mais d’une manière plus actionnelle où le salarié est acteur à part entière de son apprentissage. Il travaille à son poste, machine à coudre, presse, séance de nettoyage ou de jardinage et je l’accompagne directement et le guide pour développer ses compétences linguistiques (du coaching direct). Ainsi, je me déplace très régulièrement dans les différentes structures accueillantes /chantiers d’insertion du département 92 où les salariés sont intégrés, pour dispenser mes cours in situ. Le but étant de les accompagner sur place, au plus près de leurs encadrants et collègues et leur prodiguer l’enseignement direct nécessaire à leur progression professionnelle sur le chantier. Les sorties culturelles : un levier d’apprentissage et d’intégration Les sorties culturelles (visite de musée, balade urbaine, spectacle, médiathèque, jardin partagé) jouent un rôle fondamental dans les cours de FLE. Elles permettent aux apprenants de découvrir la culture française, mettre en pratique la langue dans des contextes réels, renforcer leur sentiment d’appartenance à la société française et favoriser les échanges. Elles contribuent à créer du lien social, développer la curiosité, valoriser les savoirs et travailler le vocabulaire dans des situations authentiques. Ces sorties sont aussi un moyen d’aborder les valeurs de la République et les lieux de citoyenneté (mairie, bibliothèque, centre culturel), et de comprendre les codes sociaux et les règles de vie collective. Formatrice en français pour des personnes réfugiées : un engagement fort Pour exercer ce métier, il faut être pédagogue, à l’écoute, patient et capable de s’adapter aux besoins et aux parcours de chacun. Il faut aussi savoir valoriser les progrès, même petits et créer un climat de confiance propice à l’apprentissage. Personnellement, j’ai choisi de m’engager chez Espaces auprès des primo-arrivants car je crois en une insertion durable, qui unit apprentissage, écologie et lien social, mais aussi le respect des personnes, de leurs parcours et de leur dignité. Le FLE, le FLI et le FLP deviennent des leviers puissants pour permettre à chacun de trouver sa place, agir et communiquer dans son environnement. L’apprentissage de la langue française pour les Dispositifs d’insertion Premières Heures Les cours s’appuient sur le CECR (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues). Ils ne visent pas directement la passation du DELF – (Diplôme d’Etudes en Langue Française), mais l’acquisition de compétences pratiques et utiles. Les contenus sont basés sur des situations authentiques permettant aux salariés en insertion d’agir et de communiquer de manière autonome dans leur environnement quotidien tels que : demander un renseignement dans un magasin, se déplacer dans les transports en commun, communiquer avec son encadrant ou encore rédiger un mot d’absence. Les méthodes utilisées sont variées, inspirées du FLE classique, mais aussi de pédagogies spécialisées, comme ‘Paroles en situation’ ou ‘Écrits en situation’, adaptées aux besoins des publics migrants. L’enseignement de la langue française, au sein du DPH se décline en 3 axes : Français Langue Étrangère (FLE) Il vise à acquérir les bases de la langue française, développer les compétences de communication dans des situations de la vie quotidienne, sociale ou professionnelle. Dans le cadre de l’insertion, le FLE est bien plus qu’un apprentissage linguistique, il va renforcer la confiance en soi et devient un outil d’autonomie, un levier d’intégration et un moyen d’accès à l’emploi. Il va faciliter la vie quotidienne : comprendre un rendez-vous médical, lire une facture, parler avec un voisin. Il aide à l’accès aux droits : comprendre les démarches administratives (CAF, préfecture, Pôle emploi) et la préparation à l’emploi : le contrat, la fiche de paie, interagir dans son quotidien, sur un chantier, échanger avec les autres lire des panneaux dans la rue ou à la gare ou encore expliquer une situation à un encadrant. Français Langue d’Intégration (FLI) Le FLIvise à faciliter l’intégration dans la société française. Il permet aux primo-arrivants de comprendre les règles de vie en France (droits, devoirs, citoyenneté), et mieux comprendre les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité, laïcité. Ce volet est essentiel pour que les personnes puissent s’inscrire pleinement dans la vie citoyenne, en comprenant les codes et les repères culturels. Français Langue Professionnelle (FLP) Le FLP est centré sur le langage du travail. Il permet aux salariés en insertion de comprendre les consignes du travail, acquérir le vocabulaire spécifique, nécessaire à l’activité sur le chantier, comprendre les consignes de sécurité et les procédures, interagir avec les encadrants et les collègues. Il permet une meilleure compréhension du métier, une autonomie et une valorisation des compétences acquises. Exemples concrets : – En couture : fil, aiguille, patron, surjeteuse, ourlet, épingler, repasser, assembler. – En ressourcerie : accueil, tri, étiquetage, recyclage, client, mise en rayon, inventaire. – Dans les box de chevaux : curer, paille, abreuvoir, licol, brosser, nourrir, consigne. – En valorisation de carton : tri, compactage, palette, sécurité, manutention. Hind HARFOUCHE Témoignages de salariés primo-arrivants en insertion “Grâce aux cours, j’ai pu parler avec mon chef sur le chantier et comprendre les consignes de sécurité.” – Moussi, agent d’entretien, Espaces verts “Avant, je n’osais pas aller à la mairie. Maintenant, je peux demander un document et comprendre les réponses.” – Roussalina, mère de famille, isolée, couture “J’ai appris à écrire un mail pour m’inscrire à une formation. C’est la première fois que je fais ça seul.” – Ganna, revalorisation vêtement et vente en ligne “En couture, j’ai appris à dire les noms des outils et à suivre les consignes pour coudre un sac.” Je peux aussi comprendre les consignes pour utiliser les machines.” – Parissa, atelier de couture “À la ressourcerie, je peux maintenant accueillir les clients, expliquer les prix et parler des objets.” – Tatiana, valoriste objets divers, La ressourcerie “Dans les box de chevaux, je comprends les consignes d’entretien et je peux échanger avec les soigneurs.” – Ajmal, agent d’entretien, centre équestre “Je sais trier les cartons, lire les étiquettes et noter les quantités sur les fiches et respecter les consignes de sécurité” – Julio, valorisation de cartons